
Le tatouage du visage est une décision radicale, mais pour le professionnel, c’est surtout un terrain miné. Entre obligations légales, risques sanitaires et responsabilité pénale, la moindre erreur peut coûter cher, voire très cher. Saviez-vous qu’un simple défaut d’information suffit à engager votre responsabilité civile ? Voici ce que dit la loi et comment éviter les pièges.
Le cadre légal du tatouage facial : autorisé mais ultra-encadré
Aucune interdiction spécifique, mais un encadrement strict
Le Code de la santé publique (articles R.1311-1 à R.1311-13) n’interdit pas le tatouage du visage chez un majeur. Cependant, il impose des règles strictes d’hygiène et de salubrité pour toute effraction cutanée. Ces obligations s’appliquent à toutes les zones corporelles, y compris le visage.
Ne pas respecter ces règles expose à des sanctions administratives (fermeture immédiate) et pénales : contravention de 5e classe (jusqu’à 1 500 € d’amende – art. R.1311-13 CSP). La jurisprudence (Cass. 1re civ., 23 févr. 1972) rappelle que le tatouage est une atteinte à l’intégrité corporelle, ce qui impose un consentement éclairé.
Exemple : Un tatoueur qui réalise un tatouage facial sans respecter les règles d’hygiène peut être sanctionné par la fermeture de son salon et une amende. Si le client subit une infection, la responsabilité pénale pour blessures involontaires peut être engagée.
Formation et déclaration : des prérequis incontournables
Depuis l’arrêté du 5 mars 2024, la formation en hygiène et salubrité est obligatoire et sanctionnée par une certification valable cinq ans (art. R.1311-3 CSP). Sans cette certification, le tatoueur ne peut légalement exercer.
Le professionnel doit également déclarer son activité en préfecture (art. R.1312-9 CSP). À défaut, il s’expose à des sanctions administratives et pénales, pouvant aller jusqu’à la fermeture du salon et des poursuites pour exercice illégal.
Exemple : Lors d’un contrôle sanitaire, un tatoueur sans certification ni déclaration risque de voir son établissement fermé immédiatement. Il encourt une amende et une interdiction temporaire d’exercer.
Produits conformes et traçabilité : zéro tolérance
Les encres et matériels doivent respecter les normes définies par le Code de la santé publique (art. L.513-10-1 à L.513-10-4). L’utilisation d’un produit non conforme engage la responsabilité du tatoueur et peut entraîner des sanctions pénales allant jusqu’à 2 ans d’emprisonnement et 30 000 € d’amende (art. L.5437-1 CSP).
Le professionnel doit assurer la traçabilité des produits utilisés (art. R.513-10-15 CSP), en conservant les références des lots et les fiches techniques.
Exemple : Un tatoueur utilise une encre importée sans certification. Après une réaction allergique grave chez le client, il est poursuivi pour usage de produit non conforme et risque une lourde amende.
Les obligations d’information et de consentement
Informer avant d’agir : une obligation légale
Le tatouage facial est une atteinte à l’intégrité corporelle (art. 16-1 C. civ.). Le professionnel doit fournir une information loyale et exhaustive (art. L.1111-2 CSP) sur les risques : infection, cicatrices, séquelles esthétiques, difficultés d’effacement.
La jurisprudence (Cass. 1re civ., 3 juin 2010) précise qu’un défaut d’information cause un préjudice réparable, même sans dommage corporel. Cette obligation est renforcée pour une zone visible et irréversible comme le visage.
Exemple : Un client se plaint de ne pas avoir été informé des risques de cicatrices hypertrophiques. Le tatoueur risque d’être poursuivi pour manquement à son devoir d’information, même si le tatouage est techniquement réussi.
Consentement écrit : une preuve indispensable
Le consentement doit être libre, éclairé et formalisé par écrit (art. R.1311-11 CSP). Pour les mineurs, il faut un accord parental écrit, conservé pendant trois ans.
Sans consentement écrit, le tatoueur s’expose à une responsabilité civile et pénale pour blessures involontaires (art. 222-19 C. pénal : jusqu’à 3 ans de prison et 45 000 € d’amende).
Exemple : Un tatoueur réalise un tatouage facial sans obtenir de consentement écrit. Après une infection, il pourrait être poursuivi pour blessures involontaires et défaut de consentement.
Cas des mineurs : prudence absolue
Le Code de la santé publique impose le consentement écrit d’un titulaire de l’autorité parentale (art. R.1311-11 CSP). Mais la doctrine recommande de refuser un tatouage facial chez un mineur, compte tenu de son irréversibilité et des conséquences sociales.
Exemple : Un adolescent de 17 ans demande un tatouage facial avec l’accord d’un parent détenteur de l’autorité parentale. Le tatoueur refuse, invoquant l’éthique professionnelle et les risques psychosociaux.
Les risques et responsabilités : anticiper pour se protéger
Risques sanitaires : infection et hépatites
Le tatouage par effraction cutanée expose à des risques infectieux graves (VHB, VHC). Le protocole d’asepsie est obligatoire : salle dédiée, matériel stérile, EPI (art. R.1311-1 CSP).
Le non-respect de ces règles entraîne des sanctions administratives et pénales. Exemple : aiguilles non stériles → contamination → poursuites pour blessures involontaires.
Exemple : Un client contracte une hépatite B après un tatouage réalisé sans protocole asepsie. Le tatoueur est poursuivi pour négligence grave.
Responsabilité civile et pénale : le couperet juridique
Un défaut d’hygiène ou d’information peut engager la responsabilité du tatoueur pour blessures involontaires (art. 222-19 C. pénal : jusqu’à 3 ans prison et 45 000 € d’amende). Même une faute légère suffit.
La responsabilité civile est également engagée pour défaut d’information (Cass. 1re civ., 2010). Exemple : cicatrice imprévue → indemnisation du client.
Exemple : Après un tatouage facial, le client subit une cicatrice visible. Le tatoueur risque d’être poursuivi et, in fine, condamné à verser d’importants dommages et intérêts pour défaut d’information.
Bonnes pratiques : la prévention comme bouclier
La traçabilité complète (produits, consentement, protocole) est votre meilleure défense. Affichez les informations obligatoires (art. R.1311-1 CSP) et prévoyez un délai de réflexion pour un tatouage facial.
Exemple : Un tatoueur remet une notice détaillée, conserve le consentement signé et enregistre les références des encres. En cas de litige, il prouve sa conformité pour limiter voire éluder toute responsabilité.
✅ Conclusion
Oui, le tatouage facial est légal, mais il impose un respect scrupuleux des règles d’hygiène, d’information et de consentement. Le moindre manquement peut entraîner des sanctions lourdes, civiles et pénales. La clé ? Anticiper, informer, tracer. La conformité est votre meilleure défense.
✅ Sources officielles
- https://www.legifrance.gouv.fr
- https://www.legifrance.gouv.fr
- https://eur-lex.europa.eu
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✅ FAQ
- Est-il légal de tatouer le visage en France ?
→ Oui, sous réserve du respect des règles d’hygiène et du consentement. - Le tatouage facial est-il interdit par la loi ?
→ Non, aucune interdiction spécifique n’existe. - Faut-il une formation pour tatouer le visage ?
→ Oui, une certification hygiène/salubrité est obligatoire. - Quelle est la durée de validité de la certification ?
→ Cinq ans. - Où déclarer son activité de tatoueur ?
→ En préfecture. - Peut-on tatouer un mineur sur le visage ?
→ Non recommandé, et à minima avec consentement parental écrit. - Combien de temps conserver le consentement parental ?
→ Trois ans. - Quels sont les risques d’un tatouage facial ?
→ Infection, cicatrices, séquelles esthétiques, réactions allergiques. - Quels produits sont autorisés pour le tatouage ?
→ Uniquement ceux conformes aux normes du Code de la santé publique. - Peut-on utiliser des encres importées ?
→ Oui, si elles respectent les normes françaises et européennes. - Que risque un tatoueur sans formation ?
→ Fermeture administrative et sanctions pénales. - Que faire en cas de défaut d’information au client ?
→ Risque de condamnation pour manquement au devoir d’information. - Le consentement doit-il être écrit ?
→ Oui, impérativement. - Faut-il afficher les informations sanitaires dans le salon ?
→ Oui, c’est obligatoire. - Quels équipements sont requis pour tatouer le visage ?
→ Matériel stérile, salle dédiée, EPI. - Quels sont les risques infectieux liés au tatouage ?
→ Hépatite B, hépatite C, infections bactériennes. - Peut-on refuser un tatouage facial à un client ?
→ Oui, en cas de risque ou de doute sur le consentement. - Quels documents conserver après l’acte ?
→ Consentement, traçabilité des produits, protocole d’asepsie. - Quelle est la responsabilité du tatoueur en cas de dommage ?
→ Civile et pénale. - Quels contrôles peuvent être effectués ?
→ Contrôles sanitaires par les autorités. - Existe-t-il une interdiction pour certaines zones du visage ?
→ Non, mais vigilance accrue. - Faut-il un délai de réflexion avant un tatouage facial ?
→ Recommandé pour un consentement éclairé. - Quels sont les risques sociaux d’un tatouage facial ?
→ Discrimination professionnelle, stigmatisation. - Peut-on effacer un tatouage facial facilement ?
→ Non, le détatouage est complexe et coûteux. - Quels recours pour un client mécontent ?
→ Action en responsabilité contre le tatoueur. - Quels recours pour un tatoueur en cas de litige ?
→ Preuve de l’information et du consentement. - Quels sont les textes applicables au tatouage ?
→ Code de la santé publique, arrêtés, règlements sanitaires. - Quels sont les risques financiers pour le tatoueur ?
→ Amendes, indemnisation du client. - Peut-on tatouer une personne alcoolisée ?
→ Non, le consentement ne serait pas libre. - Quels conseils pour éviter les litiges ?
→ Respecter la loi, informer, documenter, tracer.