
Mandat ad hoc : un paradoxe juridique qui intrigue
Le mandat ad hoc est conçu comme une mission préventive, confidentielle et neutre. Procédure préventive prévue par le Code de commerce, il est destiné à aider une entreprise en difficulté à négocier avec ses créanciers avant toute procédure collective. Il est confidentiel, volontaire et non contraignant : le dirigeant sollicite le tribunal pour désigner un professionnel (le mandataire ad hoc) chargé de faciliter les discussions et trouver des solutions amiables. Cette mission, souple et discrète, vise à éviter la sauvegarde ou le redressement judiciaire, mais elle peut échouer, ouvrant la voie à des procédures plus lourdes.Pourtant, le professionnel qui l’exerce peut ensuite être nommé administrateur judiciaire ou mandataire judiciaire dans la même entreprise. Ce constat surprend, car il semble contredire les principes d’impartialité. Pourquoi le droit français tolère-t-il cette situation ? Quels garde-fous existent ? Et pourquoi, malgré tout, un engagement exclusif dès le départ peut être une bonne pratique ?
1. Une absence d’interdiction qui interroge
Le Code de commerce reste permissif
Les articles L. 811-2 et L. 812-8 du Code de commerce n’interdisent pas qu’un mandataire ad hoc devienne administrateur judiciaire. Seule une incompatibilité spécifique vise le mandataire judiciaire après une mission de conciliateur (délai d’un an). Pour le mandat ad hoc, aucune règle similaire n’existe.
Pourquoi cette tolérance ?
Le législateur considère que le mandat ad hoc est une mission d’assistance, sans pouvoir décisionnel. Le risque de partialité serait donc limité. Mais en pratique, le professionnel connaît les données sensibles du débiteur, ce qui peut influencer ses choix ultérieurs.
Exemple concret
Une PME échoue en mandat ad hoc, puis ouvre une sauvegarde. Le même professionnel est nommé administrateur judiciaire. Juridiquement, c’est possible. Psychologiquement, les créanciers peuvent douter de son impartialité.
2. Les garde-fous existants
Contrôle du tribunal et du parquet
Le tribunal désigne librement les organes, mais le ministère public peut s’opposer à la nomination si le professionnel est intervenu dans les 18 mois précédents (art. L. 621-4). Ce filtre reste souple.
Obligation d’information
Le professionnel doit déclarer ses interventions antérieures (art. L. 814-8). Une omission expose à des sanctions disciplinaires. Mais cette obligation repose sur la bonne foi.
Exemple pratique
Un mandataire ad hoc ayant négocié avec les créanciers doit révéler ces démarches avant d’accepter une mission judiciaire. Si le tribunal estime que cela crée un doute, il peut refuser la nomination.
3. Pourquoi anticiper malgré tout ?
Un engagement exclusif rassurant
Si le mandataire ad hoc s’engage dès le départ à n’exercer que cette mission, il rassure les parties. Cela évite toute suspicion future et protège la crédibilité du processus.
Avantage pour le dirigeant
Le chef d’entreprise montre qu’il privilégie la transparence et la neutralité. Cela peut faciliter l’adhésion des créanciers aux négociations.
Exemple concret
Une clause dans la lettre de mission stipulant : « Le mandataire ad hoc n’acceptera aucune fonction judiciaire ultérieure » peut être un argument fort pour convaincre les partenaires financiers.
En résumé :
Le droit français ne voit pas de conflit d’intérêts automatique entre mandat ad hoc et fonctions judiciaires. Mais la pratique impose une vigilance extrême. L’engagement exclusif reste une arme de confiance.
Sources
- Legifrance – Consultation des textes officiels du Code de commerce – https://www.legifrance.gouv.fr
- EUR-Lex – Accès au droit européen sur l’insolvabilité – https://eur-lex.europa.eu
- Conseil constitutionnel – Décisions sur impartialité et incompatibilités – https://www.conseil-constitutionnel.fr
- Cour de cassation – Jurisprudence commerciale – https://www.courdecassation.fr
- Ministère de la Justice – Organisation des professions judiciaires – https://www.justice.gouv.fr
- CNIL – Confidentialité et données sensibles – https://www.cnil.fr
- Infogreffe – Informations légales sur les entreprises – https://www.infogreffe.fr
- Portail de la prévention des entreprises – Mesures amiables – https://www.economie.gouv.fr
- Directive UE 2019/1023 – Restructurations préventives – https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=CELEX:32019L1023
- Ordonnance 2014-326 – Réforme des procédures collectives – https://www.legifrance.gouv.fr
Mantra :
La négociation est un sport de combat – Il faut savoir être dur avec les questions à traiter tout en préservant les relations.
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Parlons-en, tout simplement. Contact : martin@lacour-avocat.fr
FAQ
- Un mandataire ad hoc peut-il devenir administrateur judiciaire ? Oui, sauf opposition du parquet.
- Existe-t-il un délai d’attente ? Non pour l’administrateur, oui (1 an) pour le mandataire judiciaire après conciliation.
- Pourquoi le droit tolère-t-il ce cumul ? Parce que le mandat ad hoc est considéré comme neutre.
- Quels risques pratiques ? Suspicion des créanciers, perte de confiance.
- Comment sécuriser la mission ? Prévoir une clause d’exclusivité dès le départ.
- Le parquet peut-il bloquer la nomination ? Oui, dans les 18 mois suivant la mission.
- Le tribunal contrôle-t-il l’impartialité ? Oui, via l’obligation d’information.
- Une clause d’exclusivité est-elle obligatoire ? Non, mais fortement conseillée.
- Quels textes encadrent ces règles ? Articles L. 611-13, L. 621-4, L. 812-8 du Code de commerce.
- La jurisprudence confirme-t-elle cette tolérance ? Oui, plusieurs arrêts l’admettent.
- Le risque est-il plus élevé en liquidation ? Oui, car les enjeux financiers sont plus forts.
- Peut-on nommer hors liste ? Oui, sous conditions strictes.
- L’engagement exclusif protège-t-il le professionnel ? Oui, contre les suspicions.
- Les créanciers peuvent-ils contester ? Oui, par recours contre la décision d’ouverture.
- Le mandat ad hoc est-il confidentiel ? Oui, mais le juge peut accéder aux pièces en cas de procédure ultérieure.
- Quels délais entre mandat ad hoc et sauvegarde ? Aucun délai légal imposé.
- Le Code prévoit-il une incompatibilité générale ? Non.
- Pourquoi la conciliation est-elle différente ? Elle crée un délai d’un an pour le mandataire judiciaire.
- Peut-on cumuler mandat ad hoc et commissaire à l’exécution du plan ? Oui, sous contrôle du tribunal.
- Le parquet est-il systématiquement consulté ? Oui, pour les nominations hors liste.
- L’exclusivité est-elle opposable aux tiers ? Non, mais elle rassure.
- Quels risques disciplinaires ? Sanctions en cas d’omission d’information.
- Le juge peut-il révoquer un organe ? Oui, en cas de conflit avéré.
- Existe-t-il des incompatibilités familiales ? Oui, prévues par L. 621-5 et L. 641-6.
- Le règlement européen impose-t-il des règles ? Oui, pour les coordinateurs de groupes.
- Peut-on désigner un mandataire ad hoc en liquidation ? Oui, pour des missions spécifiques.
- Le mandat ad hoc est-il rémunéré ? Oui, librement négocié.
- L’exclusivité est-elle fréquente ? Rare, mais recommandée.
- Quels avantages pour le dirigeant ? Crédibilité et confiance des créanciers.
- Quels avantages pour le professionnel ? Préservation de son image et réduction des risques.
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